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Lied de l’étudiant qui revient

Étudiant moussu (arrivé au terme des études), je pars ! Dieu te garde, maison du philistin ! (C’est le nom que l’étudiant donne à l’homme établi, au bourgeois). Je retourne dans la vieille patrie ; c’est à mon tour d’être maintenant un philistin ! Je retourne dans la vieille patrie ; mon tour est venu d’être un philistin !

Adieu, rues droites et tortueuses ! je ne vous traverserai plus désormais ; vous ne résonnerez plus de mes chants, de mon vacarme et du cliquetis de mes éperons !

Cabarets et tabagies, que me voulez-vous ? Ce n’est plus ici que je dois rester ; ne m’enlacez plus de vos longs bras ; n’agacez plus, de grâce, mon cœur altéré !

Dieu vous bénisse, cours académiques ! En vain paradez-vous là devant moi ! Et vous, mornes salles, grandes et petites, vous ne m’enserrerez plus dans vos murs !

Me voici, hélas ! au seuil de la bien-aimée. Chère petite, laisse une fois encore briller à la fenêtre ton doux œil bleu, l’or de tes tresses épaisses !

Et si tu m’as déjà oublié, je ne te souhaiterai rien de mal en retour ; choisis un autre amoureux ; mais qu’il soit aussi bon vivant, aussi fidèle que moi !

Plus loin, plus loin, mon chemin me conduit ; debout, vieux compagnons de folie ! Mon cœur est léger, ma route riante ; Dieu te protège, ville des Muses !

Et vous, frères, pressez-vous autour de moi ; faites que mon cœur léger ne devienne pas lourd ! Sur des chevaux fringants, suivez-moi en joyeuse escorte !

Suivez-moi jusqu’au prochain village ; là, buvez encore avec moi du même vin ! Et alors, frères, puisqu’il le faut, le dernier verre, le dernier baiser !