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Pensée ingrate autant qu’impie,
Et que tôt le marin expie :
Une trombe roulant sur l’eau
Engloutit l’homme et le bateau.


Au sortir de la vallée de la Mourg, ces âpres rochers ont conservé le souvenir de l’invasion des Barbares. Il faut raconter en vers cette tradition où la sombre figure des Huns fait contraste à la douce et merveilleuse image de la vierge Marie :


la chapelle

Souillés de vin, de sang, l’œil hébété, lascif,
Les Huns ont terrassé l’esclave fugitif :

— Les vierges ? dis ou meurs ! dis vite où sont les vierges !
— Là haut, dans la chapelle, où brûlent les blancs cierges.

Jusqu’au sommet les Huns gravissent en courant :
À bonds moins furieux s’élance le torrent.

De ces avides loups quand la bande affamée
Croit saisir les brebis, la chapelle est fermée.

Pour enfoncer la porte, ils arrachent un pin
Et s’en font un bélier contre les gonds d’airain.

Mais les vierges en chœur ont invoqué Marie,
Et des Huns étonnés s’émousse la furie.

La chapelle aussitôt se transforme en rocher.
Qui, pour croire au miracle, a besoin d’y toucher,

N’a qu’à gravir le mont ceint de mousse et de lierre :
De ces vierges la voix vibre encor dans la pierre.


Sur la lisière de la Forêt-Noire, les frères Grimm,