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— Ne craignez rien, répond une blonde à l’œil tendre :
Tout cœur bien assiégé doit finir par se rendre.

— Bravo ! dit son voisin, un galant passager ;
En fût-il autrement, nous courions grand danger !

À son tour, une enfant : — De peur que l’on n’échoue,
J’ai baisé doucement mon cousin sur la joue.

— Bravo ! disent en chœur patron et passagers ;
Nous pouvons maintenant braver tous les dangers !


Entendez-vous maintenant ce cliquetis d’épées dans les ténèbres ! C’est le duel, chaque nuit renaissant, des Frères ennemis. C’est là, dans le creux de la vallée, non loin de Saint-Goar, que recommence, à l’heure de minuit, la sacrilège du couple fraternel. Ces deux frères aimaient la même femme : l’épée dut décider qui des deux vivrait. « Mais d’étranges visions rôdent à travers les ombres. Malheur, malheur, frères sanglants ! Malheur, malheur, herbe ensanglantée ! Les deux combattants roulent à la fois sur le sol, percés l’un par l’autre. Bien des siècles se sont écoulés depuis lors ; bien des générations sont tour à tour descendues dans la tombe. D’un air sombre, le château vide semble regarder du haut de la montagne dans la sombre vallée. »

Écoutez ces bruits plus plaintifs et plus tendres : ce sont les soupirs mélodieux de Laurelei dans les rochers près de Bacarach. Mais comment redire cette poétique histoire qu’Henri Heine a si bien dite, en embellissant encore le charmant récit de Clément Brentano ?

À Mayence, n’est-ce pas une jolie légende que celle de ce Minnesinger :