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Justification

Lorsque nous errons à travers les rues, comme de vrais étudiants en goguette, maint œil gris ou bleu, maint œil noir ou brun, guette de mainte maison ; et je laisse errer mes regards de fenêtre en fenêtre, comme si je voulais en découvrir une qui fût pour moi la bien-aimée entre toutes !

Et pourtant je sais que celle-là demeure à bien des milles, hélas ! à bien des milles d’ici ; et néanmoins je ne peux pas m’empêcher de contempler en passant ces jolies fillettes. — Cher trésor ! ne va pas te chagriner si le bruit en vient jusqu’à toi, et c’est pour t’épargner cette fâcheuse surprise que le voyageur a composé ce lied.


rentrons plutôt au cabaret

Droit, hors du cabaret, je m’avance en ce moment ; ô rue, quel air étrange je te trouve ! Je cherche ton côté droit, je cherche ton côté gauche : tout est renversé ; ô rue ! je vois que tu es ivre.

Pourquoi donc, ô lune ! me regarder ainsi de travers ? Pourquoi cet œil ouvert et l’autre fermé ? Tu as trop bu, la chose est claire ! N’as-tu pas honte, n’as-tu pas honte, ma vieille amie ?

Et maintenant les lanternes (que se passe-t-il donc, grands dieux ?) ; voilà que les lanternes ne savent plus se tenir debout ; elles vacillent et flamboient sens dessus dessous : je me trompe fort, ou leur raison est restée au fond du verre.

Du grand au petit, tout chancelle, tout roule dans un tourbillon ; dois-je m’y risquer faible et seul ? Il me semble vraiment que ce serait folie ! je préfère retourner prudemment au cabaret.