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Maintenant j’ai forgé une bonne épée ! Maintenant je suis comme d’autres chevaliers valeureux !

Maintenant j’irai, comme d’autres héros, exterminant géants et dragons, à travers bois et campagnes !


Nous ne le suivrons pas aujourd’hui plus loin que Worms, où nous retrouvons maint souvenir du grand poète national : c’est à Worms que se passa cet épisode funeste de la rivalité des deux reines se disputant le pas à leur entrée dans l’église ; c’est dans les eaux profondes du Rhin, en face de Worms, qu’a été englouti le trésor des Nibelûngen, prétexte de tant de massacres, et où l’imagination des poètes modernes voit de préférence un symbole, une image mythique des grappes dorées qui croissent sur ces bords. Telle est du moins l’interprétation de Karl Simrock dans ces jolies strophes où se mêlent la poésie et la sagesse :


le trésor englouti

Il était une fois un roi, un roi sur le Rhin, qui n’aimait rien moins que disputes, peines et soucis. Ses hommes combattaient dans le pays pour un trésor dont chacun rêvait la possession ; et déjà la plupart avaient ainsi péri déplorablement par les mains les uns des autres.

Alors le roi dit à ses nobles : — À quoi bon cet or qu’il vous faut toujours payer de vos têtes ? Que ce fléau cesse ; submergez le trésor sous les flots du Rhin, et qu’il y reste caché jusqu’au dernier jour !

Et les hauts seigneurs engloutirent le trésor au plus profond du fleuve. Sans doute qu’il s’y est, depuis, entièrement fondu : c’est son or liquide qui brille désormais dans les grappes vermeilles des deux rives.