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cette époque fatale, n’avait-il pas déjà parcouru les vertes rives du Rhin, à la recherche des vaillantes aventures qui devaient porter si loin sa renommée ! Uhland a mis en ballade la tradition d’après laquelle le fils de Sigismond, encore enfant, se forge lui-même l’épée destinée à faire de si grandes choses entre ses mains. Ce chant est empreint d’un réel caractère de sauvagerie héroïque.


l’épée de Siegfried

Le jeune Siegfried était un intrépide garçon. Il descendit du burg paternel.

Il ne voulait pas croupir au logis ; il voulait parcourir le monde entier.

Maint chevalier valeureux passa devant lui portant bouclier solide et longue épée.

Siegfried, lui, ne portait qu’un bâton, ce qui le tourmentait, l’humiliait fort !

Et lorsqu’il eut pénétré dans la sombre forêt, il arriva bientôt devant une forge.

Là, par monceaux, ses yeux virent le fer et l’acier ; un joyeux foyer lançait des flammes.

Ô maître, mon cher maître ! permets que je devienne ton compagnon,

Et enseigne-moi le secret précieux de faire de bonnes, de solides épées !

Siegfried agite merveilleusement le marteau ; en quelques tours de bras il eut enfoncé l’enclume dans le sol.

Il frappait de tels coups, que la forêt résonnait au loin, et que de tous côtés le fer volait en éclats.

Et du dernier morceau de fer ainsi martelé, il fit une épée, une épée à la fois large et longue.