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Séparation

Autant de fois qu’il y a d’étoiles au ciel, à la voûte azurée du ciel ; autant de fois qu’il y a de moutons dans les vertes, vertes plaines ; autant de fois qu’il y a d’oiseaux voltigeants par-ci et par-là ; autant de fois, autant de fois mon cœur te salue et te bénit, cher trésor !

Avec patience je veux porter ma peine, absorbé constamment dans ta seule pensée. Chaque matin je veux dire : « Ô mon amour, quand viendras-tu vers moi ? » Tous les soirs je veux murmurer tout bas en fermant les yeux : « Ô mon amour, pense, pense à moi ! »

Oui, jamais je ne t’oublierai, jamais ne finira mon amour ; et quand la mort fermera mes paupières, je veux reposer au cimetière de l’église, endormi dans ta chère pensée, — comme l’enfant qu’une douce chanson endort dans son berceau.

L’anneau brisé

Dans une fraîche vallée tournoie la roue d’un moulin à eau ; ma bien-aimée a disparu, ma bien-aimée qui naguère habitait là.

Elle s’est fiancée à moi en me donnant son anneau ; elle a trahi sa foi et mon anneau s’est brisé en deux.

Je voudrais, comme un musicien ambulant, errer au loin par le monde, et chanter mes chansons, et aller de seuil en seuil.

Je voudrais comme un cavalier, me précipiter au milieu du combat sanglant ; je voudrais m’asseoir muet autour des feux de bivac sillonnant l’obscurité des nuits.

Le moulin vient-il à faire résonner sa roue, je ne sais plus ce que je veux. — Ah ! je voudrais plutôt mourir ; là du moins je trouverais le repos.