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chez qui déjà le christianisme a changé la rudesse en bravoure : c’est Roland le Paladin, celui que les romans de chevalerie regardent comme un neveu de Charlemagne. Roland est de retour d’Espagne. C’est en vain que la chanson de Théroulde et la chronique de Turpin l’ont fait périr au col de Roncevaux ; il est de retour aux bords du Rhin ; l’amour a fait ce miracle ; l’amour va le transformer en ermite. La jolie montagne de Rolandseck, près de Bonn, en face des sept montagnes, d’où ses regards plongeaient dans l’abbaye de Nonnenwerth, l’île verdoyante au milieu du Rhin, est encore aujourd’hui couronnée des ruines de sa cellule. La ballade que je vais traduire est d’Auguste Kopisch, le peintre très-poète de Breslau, doublement estimé pour ses tableaux et ses petits poèmes habilement dramatisés, mais surtout célèbre par son amitié avec Platen et par la découverte de la fameuse grotte d’azur à Capri :


Rolandseck (coin de Roland)

D’Espagne arriva la nouvelle que Roland, ce héros d’acier, était englouti dans le val de Ronsevaux.

La belle Hildegonde alors prend le saint voile, et, d’une bouche, hélas ! pâle comme la mort, consacre à Dieu sa pauvre âme.

Mais bientôt d’autres bruits circulent sur les vertes rives du Rhin : — Nulle épée, disait-on, n’a pu le vaincre, mais l’amour seul.

Ah ! la pointe acérée d’une lance perça profondément son cœur, quand il apprit que la belle Hildegonde était désormais fiancée à Dieu.

Il se fit construire une cellule là-haut sur le rocher, afin