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venus s’y souder ensemble. L’épopée germanique se rattache directement aux vieilles cités rhénanes de Brisach, de Worms et Xanten ; le cycle de Charlemagne, également originaire de ces rives, est lié par mainte aventure à Ingelheim, à Rolandseck, à Aix-la-Chapelle, cette Mecque occidentale où de nombreux pèlerins viennent encore saluer avec une vénération superstitieuse l’ombre du grand empereur ; le cycle d’Artus et du Saint-Graal lui-même est descendu jusqu’au Rhin, et aujourd’hui encore la tour du Cygne, à Clèves, parle de Parcival et de son fils Lohengrin. C’est donc, avant tout, une terre de traditions classiques pour les poètes allemands qui, à différentes époques, de nos jours plus que jamais, se sont appliqués et s’appliquent à glorifier de tels souvenirs. À la suite des beaux travaux d’induction critique inspirés à l’érudition des Grimm, des Lachmann, des Massmann, des Mone, par les caractères et la formation successive de l’épopée germanique, les chantres modernes, notamment ceux de la vallée du Rhin, se sont donné la mission de continuer, chacun à titre de rhapsode indépendant, ce tissu merveilleux de ballades et d’épisodes, destiné à compléter le récit primitif. La liste de ces nouveaux chanteurs, qui s’allonge chaque jour, compte des noms tels que ceux de Schiller, de Gœthe, de Bürger, les deux Schlegel, de Tieck, d’Uhland, de Rückert, de Platen, de Simrock, de Clément Brentano, d’Achim d’Arnim, de Henri Heine, de Chamisso, de Hebel, de Wolfgang Müller, et de plusieurs autres qu’il faudrait encore citer, s’il était possible d’en faire un dénombrement exact.

On serait, dès à présent, à même de composer un