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demeurer en reste vis-à-vis de nous sous ce rapport. Ou je me trompe fort, ou quelque docte ouvrage y sera publié, un jour ou l’autre, sur nos poètes actuels, et ce pourra bien être un échange de sympathie internationale. Ces derniers n’ont pas été non plus complètement négligés par les historiens littéraires de la France, et l’on peut dès aujourd’hui prévoir que leurs titres seront bientôt plus équitablement, plus généralement appréciés. Un esprit charmant, M. Auguste Desplaces, qui sait écrire en fine prose aussi bien qu’en vers élégants, leur a déjà consacré il y a dix ans un petit volume. Le moment serait venu d’en faire un volume plus gros, et je ne sache pas de juge plus compétent, de plume plus délicatement taillée pour cette tâche. Mais je reviens définitivement à mes Allemands.

M. Frédéric-Guillaume Rogge a droit à une première place dans la nouvelle pléiade de la Basse-Saxe, par son talent d’abord, et puis parce qu’il en a été l’un des plus zélés instigateurs. C’est en 1832 que l’idée lui vint, de concert avec quelques jeunes écrivains, de fonder une seconde union poétique dont Gœttingue serait le centre, et dont le Nouvel Almanach des Muses de Gœttingue recueillit d’abord les inspirations (1832 à 1834}. Mais le groupe ne tarda guère à être dispersé par les dures nécessités de l’existence ; après quelques années consacrées à l’enseignement, Rogge entreprit un voyage en Angleterre et en France, pour se fixer ensuite définitivement à Schwerin. Il s’est essayé tour à tour dans le lyrisme et dans l’art dramatique avec une égale distinction, si l’on ne peut dire avec le même succès. On reproche à ses compositions drama-