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colie qui appartient à notre époque. Né dans le Mecklembourg, il a depuis bien des années fixé sa résidence à Hanovre, où, par ses infatigables comptes-rendus des pièces représentées sur le théâtre de la cour, il s’est placé au premier rang parmi les critiques dramatiques de l’Allemagne. Schnabel n’est pas moins devenu, malgré la poussière des planches et les désenchantements de la coulisse, le chantre délicat de la rêverie attristée. Il a cependant ses quarts d’heure d’espérance, comme le prouve ce joli sonnet qui mériterait d’avoir Sainte-Beuve pour interprète :


amour

L’amour n’est-il qu’un don de l’heureuse jeunesse.
De ce temps qu’à l’envi les dieux viennent combler ?
Et lorsque ce beau rêve, hélas ! doit s’envoler,
Voit-on fuir avec lui tout charme et toute ivresse ?

L’amour est-il semblable au rayon qui caresse
L’aurore rougissante et fière de briller ?
Avec mai, toute fleur doit-elle s’effeuiller ?
L’homme perd-il son cœur en perdant sa jeunesse ?

Non ; l’amour est plutôt une flamme du ciel
Qui ressuscite en nous l’être immatériel
Et dans les cœurs vieillis renouvelle l’aurore.

C’est le printemps, toujours fécondant, toujours vert,
Qui dissipe en passant les neiges de l’hiver
Et fait aux vieux rameaux de jeunes fleurs éclore.


Si Schnabel est ordinairement triste, Hebbel est le plus souvent sombre, et ses poésies ne sont que l’écho de sa destinée. L’année de sa naissance (1813) est déjà