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et de travaux. Mais, pour se dédommager de ce calme forcé, pour l’oublier du moins un peu, il rassemble ses souvenirs de vie aventureuse et les publie en 1857 sous ce titre, qui est peut-être une raillerie à l’adresse de sa destinée présente : Erzahlungen eines Unstœten (Récits d’un poète errant). En attendant qu’il puisse de nouveau repartir, il attache encore son nom à la traduction allemande des poésies du Hongrois Pétœfi, ainsi qu’à celle des chants populaires de notre Bretagne.

N’avais-je pas raison de dire tout à l’heure que j’allais esquisser l’odyssée de M. Maurice Hartmann ? Voilà, j’espère, un poète d’action et qui sait à propos quitter l’action pour la rêverie. C’est ainsi que la méditation, la contemplation des tableaux variés de la nature et la rude école des événements devaient rapidement développer et mûrir un talent déjà si bien doué dès le berceau. M. Maurice Hartmann est aujourd’hui dans la plénitude de sa force ; il dispose d’un instrument poétique muni de toutes les cordes et d’une sonorité qui ne laisse rien à désirer ; il n’est pas homme à en tirer de fausses notes : ses différentes compositions prouvent que chez lui l’artiste sait se maintenir constamment au niveau du poète.

À quelles citations m’arrêter dans l’œuvre lyrique de M. Maurice Hartmann ? Il possède les meilleures qualités des poètes qui honorent l’école moderne en Allemagne ; il est au nombre de ses plus vaillantes recrues. Il a la grâce, il a le rhythme, il a surtout le sentiment de la réalité et de la vie. Ses moindres chansons sont un drame ; sa poésie est un vivace et brillant rejeton de l’arbre qui symbolise le lyrisme contempo-