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à tour, et dont le cœur est tourné de préférence vers ceux qui souffrent. Esquissons en quelques lignes la vie, ou plutôt l’odyssée de M. Maurice Hartmann.

Il est né en 1821, à D’uschnik, petit village de la Bohème. Après avoir fait ses études aux universités de Prague et de Vienne, il clôt en 1842 cette période académique par un voyage à travers l’Autriche, le nord de l’Italie, la Suisse et l’Allemagne méridionale. De retour à Vienne, il le quitte de nouveau en 1844, cette fois pour Leipzig, où il publie son premier recueil de vers, Kelch und Schwert (La Coupe et l’Épée). L’édition est enlevée en quelques semaines. Hartmann s’empresse d’en donner une seconde et de reprendre ses pérégrinations en Allemagne. Mais les débuts un peu trop politiques du poète avaient éveillé les ombrages de l’Autriche, et il dut bientôt se réfugier à l’étranger. Il passe les années 1845 et 1846 en Belgique et en France, où il se met en rapport avec les écrivains et les poètes, ceux surtout qui, comme Béranger et Alfred de Musset, représentaient plus particulièrement le sentiment patriotique, la jeunesse et la liberté. Cependant les idées s’allument, l’Allemagne fermente et s’agite. Hartmann se risque à y revenir : il y signale sa rentrée par un nouveau volume de vers. Les premiers jours de 1848 le retrouvent en Autriche, où la police ne tarde pas à l’arrêter. La révolution le délivre. Il est nommé membre du comité national de la Bohème, et y devient un des chefs du parti allemand contre le parti slave. Député au parlement de Francfort, il est envoyé à Vienne, aux événements d’octobre, avec ses collègues Blum et Frœbel, et y participe, comme eux, à la lutte contre les troupes