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Mais quel charmant tableau se déroule tout à coup sous mes yeux ! Voici le garde qui revient de la chasse avec son butin. On dirait presque un géant ! Le garde triomphant, un bouquet de rouges baies à sa coiffe, le voyez-vous sortir de la forêt ?

Voyez-vous sauter ces huit garçons, ses fils, qui se précipitent à sa rencontre en poussant des cris de joie. Ces voix d’enfants me retentissent dans l’oreille comme les vibrations perçantes des cloches. L’un d’eux retire de la gibecière le gibier mort et le brandit fièrement dans l’air ; un autre s’assure s’il ne reste plus rien dans la gourde.

Un troisième saisit la carabine et se met à commander la marche, tandis qu’un quatrième, en vrai chevalier, enfourche bravement le lévrier élancé. Et, tandis qu’ils suivent le père, en célébrant gaiement l’approche du souper, voici que la mère, son plus jeune enfant à la main, sort de la maison et s’avance pour souhaiter au chasseur la bienvenue.

Cet homme qu’entourent maintenant deux bras aimés, cette calme et mystérieuse solitude des bois, cette maison si proprette, ces hardis lurons, escorte épanouie du père ; la source qui mêle à la scène son doux murmure et les pétillements joyeux du foyer, et la cloche du soir qui résonne au loin dans la vallée… ah ! tout cela ne forme-t-il pas une charmante idylle ?

Sous un tilleul, près de la maisonnette, où depuis longtemps déjà la table est dressée, la famille entière prend place pour le repas du soir ; le garde récite à haute voix la prière ; une vapeur savoureuse s’élève du plat posé au milieu de la table, et, dans la cruche, le vin pétille… Que volontiers je me serais assis, leur hôte, à cet heureux banquet !

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De cet énervement bâtard qui gagne et flétrit tout ailleurs, Dieu merci ! nulle trace n’apparaît sur vos frais et radieux visages ; sains et forts de corps et d’âme, et, comme l’alouette, allègres et libres, votre gosier sonore chante sur ces hauteurs, à qui veut l’entendre, combien vous êtes heureux.