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eaux, des montagnes, des vallées, et de leur maître d’orchestre à tous, le printemps. Les poésies de M. Otte sont de celles qui font rêver, qui réveillent tous les bons souvenirs endormis au fond du cœur, et que l’on peut emporter avec soi comme un merveilleux talisman. Écoutez ces trois chansons d’inspiration si différente :


la maison silencieuse

Loin de la route, à l’écart, s’aperçoit une maison petite et silencieuse ; par-dessus l’enclos fleuri, elle regarde vraiment avec un joyeux sourire ; de verts rameaux s’enlacent autour des murs et des corniches. Tu te dis : — Dans un pareil lieu, la vie doit être douce et bien heureuse !

En haut, à la fenêtre, brille un visage frais et rose, encadré de fleurs qui l’embaument de leurs parfums. La brise matinale agite les sombres boucles de ses cheveux, et ses beaux yeux noirs sont tournés vers les montagnes.

Et pourtant sur cette bouche plane comme l’ombre d’un chagrin secret. Viendrait-elle du fond de ce cœur si pur ? La douleur pourrait-elle éprouver sitôt cette âme charmante ? Tu te dis : — Heureux le garçon qui la conduit à la danse !

Et cependant jamais à la danse aucun garçon n’a désiré la conduire ; et cependant jamais elle n’a brillé au milieu de ses compagnes. Nul ami ne visite ce toit ; sur ce seuil abandonné nul pèlerin ne s’assied au passage.

L’herbe pousse dans le chemin et en disjoint les pierres — et solitaire dans son enclos s’aperçoit la maison silencieuse. Un homme, au collet rouge, entre et sort d’un air morne. La charmante enfant — permets que je te le dise — est la fille du bourreau.