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« Recueillez-vous. Soyez toujours simple dans le choix de vos expressions et de vos images. Ne craignez pas de vous servir des termes populaires, des locutions proverbiales, quand les bons hasards de la composition vous permettront de les enchâsser dans vos vers. Recueillez-vous, et reproduisez par la poésie vos meilleurs souvenirs d’enfant et d’homme du peuple. C’est là votre domaine ; il est vaste, et il ne tient qu’à vous d’y moissonner à pleines mains. Faites de plus en plus connaître et revivre dans vos chants cette vie honnête, robuste et salutaire de l’artisan, cette vie qui mérite d’être glorifiée, et qui, n’en doutez pas, sourit à la muse. C’est avec ces modestes fleurs que vous tresserez la plus belle couronne. »

Ces réflexions peuvent également s’adresser au vannier Christian Hackenschmidt, à M. Édouard Rosenstiel, tapissier-poète à Colmar, et à tous les écrivains sortis des rangs du peuple. M. Hackenschmidt a dans sa corbeille plus d’une strophe tressée d’une main assouplie. Il enlace les mots presque aussi facilement que l’osier, peut-être trop facilement. Il connaît à fond les règles de la versification, et je suis même persuadé qu’il les vénère comme l’arche sainte de la poésie, j’allais dire comme la poésie même. Il s’est exercé de préférence sur des sujets prêtant à la description narrative. Cest ainsi qu’il a mis en vers bon nombre de légendes, dont il a su composer quelquefois de petits drames animés et intéressants ; un juge un peu difficile y voudrait pourtant en général plus de fermeté concise, plus de distinction, et cette aile légère qui a fait si justement comparer le vrai poète à l’oiseau : Musa ales. M. Christian Hackenschmidt est d’ailleurs