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merveilleusement centuplées de l’activité productrice, sont des éléments, autrefois inconnus, de mâle poésie ; mais si l’âme ne les domine pas, si l’art, pondérateur harmonieux, n’en vient pas régler les mouvements, ces éléments précieux tourneront en anarchie, en désordre monstrueux et brutal.

Pour se soustraire à l’influence envahissante de ces séductions matérielles, l’imagination devra, plus que jamais, se retremper aux vives sources de la nature, de la pensée et du sentiment. L’étude des traditions populaires, la contemplation du spectacle humain dans ses scènes les plus naïves et les plus vraies, ne sauraient être trop recommandées dans ce but. La sincérité dans l’émotion, dans les observations et les faits, la simplicité sobre et digne dans la forme, voilà par où triompheront à l’avenir les écrivains et les poètes, à quelque branche de l’art qu’ils appartiennent. En tout, les vieilles formules, les procédés factices, les à peu près de convention, sont devenus lettre-morte. Sur cette terre, dont la face elle-même se renouvelle, une seule chose demeure immuable, c’est le cœur de l’homme avec ses trésors d’énergie, d’espérance, de dévouement et d’amour.

Plus on se rapproche du berceau des races, plus, en effet, on retrouve, même sous la grossièreté primitive des mœurs, ces marques divines de la destination privilégiée de l’homme ; comme sous les couches profondes du globe, bien que le plus souvent souillé d’une enveloppe terreuse, se cache le filon d’or pur.

C’est ce filon que les poètes doivent s’appliquer à découvrir, pour le faire ensuite briller à tous les yeux. C’est ce filon qu’ont plus d’une fois rencontré les lyri-