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bourg et de son architecte, Erwin de Steinbach. Le poète est allé s’asseoir, un dimanche, avant les premières pâleurs de l’aube, au sommet du clocher merveilleux. Il décrit les impressions qui viennent l’y assaillir.


au sommet de la cathédrale

Sur ce haut trône suspendu dans l’air, je suis assis libre et sans crainte : la couronne de pierre taillée par la main d’Erwin m’environne de toutes parts et me protège.

Encore plongé dans un doux sommeil, plus d’un sans doute, à cette heure, oublie là-bas, sous mes pieds, les soucis de l’existence, dont il a momentanément déposé le fardeau.

Je ne suis pourtant pas tout à fait seul, si près des célestes demeures : dans les imperceptibles crevasses, j’entends ronfler le sombre chœur des oiseaux nocturnes.

Oh ! quel magnifique spectacle ici dans les hauteurs, lorsque la fraîche aurore se lève éblouissante de rayons, et fait reculer l’horizon qui s’illumine par delà les bleuâtres massifs de la forêt Noire !

Ma poitrine aussi se soulève, et mon cœur bat d’une joie ineffable, et mes regards montent vers le ciel dans une sainte et religieuse extase.

Le mouvement naît par degrés. La journée du dimanche débute d’un air de fête : voici les cloches matinales qui lancent vers moi leurs vibrations claires.

À son tour, la musique militaire éclate et retentit au loin ; mon œil épie le groupe harmonieux devant la spacieuse caserne.

Entendez-vous résonner les cors ? Comme les notes perçantes volent victorieusement dans l’espace sur les ailes rapides de l’air ! Vivat ! vivat ! c’est aujourd’hui dimanche !

Oh ! quel magnifique spectacle ici dans les hauteurs, sur