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CHAPITRE PREMIER


CHANSONS DES ÉTUDIANTS


Au delà du Rhin, comme en deçà, le mouvement littéraire proprement dit n’a pas pris, dans ces dix dernières années, le développement qu’on pouvait d’abord attendre. Des courants imprévus, tumultueux et troublés, vinrent se précipiter au milieu du lac tranquille. Ce fut comme une fonte soudaine des neiges, lentement accumulées, sous les rayons d’un soleil trop ardent. Aujourd’hui, la transparence et la limpidité reviennent aux flots, où menace pourtant de se mêler désormais un limon industriel. C’est là qu’est maintenant le danger. De 1844 à 1847, Zedlitz, Anastasius Grün, et des poètes plus jeunes, de la même famille discrète, tels que Geibel, prévoyaient et pronostiquaient cette première avalanche, au-devant de laquelle les Freiligrath, les Meissner et les Hartmann s’élançaient imprudemment. Il appartient à la critique de signaler le péril de l’avalanche nouvelle, la fonte imminente des neiges industrielles. Sans doute la vapeur, la transformation physique du globe, les forces