mes compagnons illustres : Murat, Duroc et Ney ; Desaix et Kléber, ces deux nobles cœurs.
Ils traversaient en cortège de brillants nuages ; de loin retentissait la harpe sonore d’Ossian.
Et quand s’approchèrent ces splendeurs, ces harmonies, j’entendis chanter les bardes : Sois le bienvenu !
La troupe des héros m’entoura comme d’un cercle d’or ; ils baissèrent vers moi chacun un rameau de laurier.
Comment s’est évanouie cette bienheureuse illusion ? Je sens des angoisses nouvelles oppresser mon sein !
Ah ! si le Breton veut retenir sa victime expirée, que l’on creuse ma couche auprès de cette fontaine !
Ici alors, couvert des branches] ombreuses, je jouirais de mon dernier sommeil, et poursuivrais dans un long rêve les mêmes images de gloire.
Vous voyez des pointes d’aiguilles surgir de l’onde immense, un entassement de rocs rougeâtres, que vous diriez des débris de l’enfer non encore refroidis ; jamais l’Éternel n’a salué de ses tonnerres cette plage désolée, où toujours aux ardeurs dévorantes succède incontinent un funeste brouillard.
Là traînait ses chaînes alourdies un souverain mis au ban des empires ; là se débattait un lion mourant sous la garde du léopard ; là quatre cercueils enfin, que recouvre une pierre, contiennent en paix le belliqueux César fatigué de ses luttes.
Captif au centre du vaste Océan, loin des règnes de la terre, gît maintenant celui qui d’un signe de sa volonté faisait la destinée des peuples : épuisant toutes les gloires humaines et s’élançant hors des bornes fatales, il a dû, nouveau Titan, se voir atteint par le roi des rois.