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serait la note dominante de son talent. De 1793 à 1794 parurent par livraisons ses Chants décadaires (Decadenlieder), chants qui, sous la Terreur, remplaçaient dans les temples de la Raison les cantiques chrétiens momentanément interdits. La déesse Raison avait beau faire, ce qui donne encore aujourd’hui une valeur subsistante à ces strophes, c’est qu’elles jaillissent du cœur du poète toutes pénétrées de la morale évangélique.

Il est temps de céder la parole à M. Lamey lui-même. Son œuvre est désormais complet. Il en a donné, l’année dernière, une nouvelle édition aussi élégante que soignée. J’ai le regret de n’en pouvoir détacher que trois pages.


le lieu du repos
1821

Ami docteur, veux-tu me conduire à cette place où jaillissent des eaux si vives et si limpides ?

Ainsi dit le prisonnier de Hudson, dont la vie devait bientôt s’éteindre.

Ce vaillant d’autrefois, semblable au roseau qui vacille, marcha soutenu par Antomarchi.

Il alla s’asseoir près de la fontaine, à l’ombre d’un saule vert.

Las de sa course, il hume les fraîcheurs d’une boisson délectable, et tombe en souriant dans un doux sommeil.

Et, réveillé du songe qu’il a fait : — Oh dit-il, que ne puis-je ainsi dormir une nuit sans fin !

J’avais devant moi, dans un champ fleuri, la riche vue de