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mées françaises, toutes les grandes journées de la République et de l’Empire ; en 1830, il a retrouvé un éclair, cette fois peut-être un peu pâli, de l’enthousiasme de sa jeunesse. Mais il est toujours resté fidèle à sa généreuse nature, à sa sympathie pour les nobles causes, à son cœur français. Sous ce rapport, certaines tendances de l’école germanique environnante n’ont jamais pu parvenir à le modifier. Une histoire impartiale et complète du mouvement littéraire à cette époque lui doit une place honorable pour avoir vaillamment représenté et glorifié, dans la poésie allemande, les aspirations de l’esprit français à cette valeureuse frontière de la France.

La première éducation de M. Lamey a d’ailleurs été toute française. Après avoir fait ses études à l’université de Strasbourg, il fut admis en 1794 à l’École normale de Paris, où il eut pour maîtres Volney, Garat et Bernardin de Saint-Pierre. De 1795 à 1812, il remplit les fonctions de traducteur officiel, pour l’Allemagne, du Bulletin des lois. La Restauration le ramena en Allemagne en qualité de magistrat, et il est depuis 1844, juge honoraire près le tribunal de Strasbourg.

Pendant son séjour à Paris, M. Lamey avait tenté quelques essais de composition française, et, de 1807 à 1810, il fit représenter deux drames à la Porte-Saint-Martin et à l’Ambigu. Mais, je le répète, son originalité devait surtout consister à enchâsser des sentiments français dans le rhythme accentué du vers allemand. Ses débuts en poésie allemande avaient d’ailleurs précédé. Son premier recueil, imprimé en 1791, Gedichte eines Franken am Rheinstrom (Poésies d’un Franck des bords du Rhin), annonçait déjà par son titre quelle