Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 208 —

sacré contre ses oppresseurs : oh ! alors, tes accents s’animent comme la trompette guerrière, et l’homme libre te manie comme un glaive étincelant.

S’agit-il de décrire les charmes de notre pays natal, les joies et les peines de la famille, les doux rêves de l’enfance : tu sais causer de cela comme une tendre mère, tu sais peindre avec les plus vives couleurs le petit monde de l’enfant et l’asile de la vie domestique.

Les cordes les plus intimes de l’âme, on les sent vibrer dans tes paroles ; tu es la confidente du cœur et de ses mystères les plus délicats. Peines et joies de l’amour, désir et contentement, tout ce qui agite la poitrine trouve en toi le plus fidèle écho.

Joyeux printemps, mélancolique automne, alpe verte, glacier éblouissant, parfum des fleurs, bruissement de la bourrasque, émail des prés, fond noir de la forêt : tu sais parfaitement décrire tout cela, étant initiée aux mystères de la nature, comme la druidesse assise au pied du chêne savait interpréter les oracles divins.

Poursuivant tes recherches pour t’enrichir de nouveaux trésors, tu sondes les abîmes de la vérité ; comme le plongeur sous sa cloche, tu recueilles une riche guirlande de perles, en revêtant toutes les notions de la science de l’éclat de ta parole.

Oui, ton sublime essor va aussi loin que la pensée ; tu planes au-dessus de toutes les barrières, comme la volée des oiseaux de passage. Va poursuivre ta course jusqu’à ce que tu domines l’univers comme la voûte azurée du ciel ; jusqu’à ce que tu sois aussi riche, aussi animée que la vie, aussi grande, aussi libre que la nature !


Est-il besoin d’en citer davantage pour démontrer la valeur morale et religieuse de ce poète ? Karl Godeke me paraît avoir dit fort heureusement de lui : « Adolphe Stœber est un représentant de la sainte gravité alle-