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Quand l’impiété, fière de son peu de raison, conspire contre tout ce qu’il y a de sacré, pour le couvrir de railleries : que ton visage rougisse d’indignation, et que ton œil étincelle d’une sainte colère.

Oui, quand l’injustice érige son trône, quand la perversité étend son domaine : que ta colère s’embrase comme un volcan, jetant feu et flammes contre les coupables.

Mais ne permets pas que ta colère soit consumante : qu’elle soit plutôt un feu bienfaisant au service de l’amour ; qu’elle féconde le sol, comme le mont Vésuve fait sortir la vigne du sein des laves.

Comme le Vésuve produit les larmes du Christ, toi aussi, fais couler les larmes précieuses de la repentance du fond de ces cœurs que tu as salutairement effrayés et couverts des ardeurs de ta sainte colère !


Ce sont là de belles pensées, de grandes et poétiques images. Le poète n’a pas été moins bien inspiré quand il a voulu célébrer sa langue maternelle.


éloge de la langue allemande

Ô ma langue maternelle, que d’attraits tu as pour moi ! C’est toi qui m’as prêté les accents de la prière et du chant. Si jamais j’étais privé de ton abondance, oh ! que cette perte me serait pénible ! J’en souffrirais autant que l’enfant qu’on arracherait à la mamelle de sa mère.

Que tu es fidèle à rendre la parole de Dieu dans toute sa richesse, imitant et le son puissant de la trompette et la suave harmonie du chalumeau ! Variée comme l’orgue, tu prêtes ta bouche à toutes les inspirations de l’esprit, laissant au prophète toute sa verve majestueuse et au disciple de Jésus toute la grâce de sa charité.

S’agit-il de parler pour la patrie, pour sa liberté, pour son honneur ; s’agit-il d’appeler au combat, à la défense du droit