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Mères et vieillards tiennent leurs regards attachés sur cette chère figure ; les jeunes filles passent et repassent en chantant ; les petits garçons viennent lui toucher la main.

Des lèvres aussi bien que des yeux maint salut cordial s’élance vers lui. Sur chaque visage se réfléchit la douce bénédiction de ses paroles.


Je ne reproduirai que deux pièces d’Adolphe Stœber ; mais ces deux pièces suffisent pour donner sa mesure. On y trouve la sereine et fécondante ferveur de l’hymne. Si la Sainte colère est bien d’un ministre du Dieu de justice et de vérité, l’Éloge de la langue allemande est le noble cri d’un poète allemand qui conquiert glorieusement pour son idiome natal le droit du chant sur la terre française. Écoutez d’abord ces accents de généreuse indignation :


sainte colère

Non ! au milieu des conflits et des luttes de la vie, il ne faut pas toujours étouffer la colère. En face d’un monde plein de folies, il n’est pas permis de demeurer froid comme un glacier.

Non ! Quand l’injustice érige son trône, quand la perversité étend son domaine : que la colère s’embrase comme un volcan, jetant feu et flammes contre les coupables.

Quand la tyrannie viole des droits sacrés et qu’elle prétend asservir les hommes libres : oh ! alors, fais retentir ta parole comme le tonnerre, pour demander justice et châtiment.

Quand la lâcheté baise la verge qui a meurtri son dos jusqu’au sang : que la colère soit l’aiguillon qui excite le lâche à se relever de son ignominie.

Quand, noircie par de basses calomnies, l’innocence est en pleurs et la pureté dans le deuil : soulève-toi, mon cœur, pour écraser cette race de vipères.