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La vision a disparu. Il s’élance en sursaut, et, poussant un cri affreux,
Il agite son doigt ensanglanté… Sa bague est brisée.

Il précipite ses pas, il gagne la vallée, il frappe à la porte de son amie :
Ô mon enfant ! chère enfant ! un seul mot de ta bouche pour ton triste amant !

La chambre est silencieuse, le jour l’a déjà éclairée de ses rayons.
Une jeune vierge y repose, couronnée de roses blanches.


Tel est Auguste Stœber, dont l’inspiration se distingue surtout par un certain entrain vif et gai. Il ne tombe ni dans la mélancolie efféminée, ni dans la métaphysique nuageuse : sa chanson est virile ; elle sort d’une poitrine pleine et vibrante, où joie, désir, espoir, regret, réveillent des notes également sonores.

Adolphe Stœber, plus jeune que son frère Auguste, possède un talent peut-être plus réfléchi, parfois plus profondément ému et plus pieux. Né à Strasbourg le 7 juillet 1810, il est pasteur à Mulhouse depuis 1840. C’est ainsi que les existences des deux frères s’écoulent en confondant leurs murmures comme un double ruisseau dans la même prairie. Auguste pensait sans doute à la physionomie grave et douce d’Adolphe quand il écrivait les trois strophes suivantes :


le pasteur de campagne dans l’après-midi du dimanche

L’humble église se dresse silencieuse et déserte ; les sons de l’orgue sont depuis longtemps évanouis ; à travers les plantureuses campagnes on voit cheminer une forme amie.