Contiens-toi, ô mon cœur, et ne réveille pas
De si bienheureux rêveurs !
Le jeune mineur a éteint sa lanterne, il quitte la galerie, son travail,
Et, dans la nuit, il va regagner la cabane de son amie.
Il sait pour qui son hoyau a fendu le minerai,
Il sait pour qui la sueur a ruisselé de son front.
Déjà il a gravi le coteau qui domine le village du vallon ;
Voici qu’une vision étrange arrête soudain ses pas.
Autour d’une table ronde, bien garnie, sont rangés trois fantômes ;
Ils aspirent dans des coupes d’or un vin frais et brillant.
— Eh ! gai ! beau mineur, repose-toi auprès de nous !
Voici un siège qui t’attend, sois notre hôte bienvenu !
Ce n’est point de son gré que le jeune mineur s’assied ;
Il boit en silence trois coups dans la coupe qu’on lui présente.
— Quelle est donc cette bague d’argent qui brille à ton doigt ?
Serait-ce ta fiancée qui te l’a donnée, jeune et beau gars ?
Le mineur déjà n’entend plus ces paroles, le breuvage magique l’a enchanté ;
De ses yeux hagards il fixe les mystérieux buveurs.
Il demeure ainsi plongé comme dans un sommeil mortel,
Jusqu’à ce que la cloche du matin vienne frapper son oreille.