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accrédités de la muse germanique. Arnold et Ehrenfried Stœber, tous deux nés à Strasbourg, ont écrit dans le dialecte strasbourgeois leurs principales œuvres, celles du moins qui ont le plus contribué à populariser leur renommée. Arnold est l’auteur du Lundi de la Pentecôte, comédie à la fois naïve et narquoise, vivant miroir où se reflètent, avec une pittoresque fidélité, les vieilles mœurs, le vieux langage de sa ville natale. Gœthe goûtait fort cet ouvrage dont il parle avec éloges dans son livre Art et Antiquité. Les compositions en dialecte indigène d’Ehrenfried Stœber sont également marquées au coin d’une gaieté pleine de fantaisie et de philosophie pratique. L’un et l’autre ont d’ailleurs enrichi de plusieurs pièces estimables l’anthologie de l’Allemagne contemporaine.

Auguste Stœber est en quelque sorte le chef de file des chantres actuels. C’est le fils aîné d’Ehrenfried, et Karl Godeke le signale comme le plus actif de ces courageux écrivains qui s’efforcent d’entretenir et de développer en Alsace l’esprit allemand. Né en 1808, à Strasbourg, il est depuis 1841 professeur au collège de Mulhouse. On a de lui une histoire de la littérature allemande, et de nombreux travaux sur les traditions et les légendes de l’Alsace. Pendant six années successives (de 1843 à 1848), il a publié, avec son ami Fr. Otte (George Zetter), les Feuilles du nouvel an, un recueil de poésie et de prose allemande exclusivement ouvert aux champions du génie germanique en deçà du Rhin. Le talent d’Auguste Stœber est sérieux et spirituellement gracieux tour à tour. La langue dont il se sert a été trempée aux pures sources : bon nombre de ses morceaux lyriques ne seraient pas désavoués