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ner, un des plus fougueux adversaires de la Réforme, mais qui poursuivit également de son indignation d’honnête homme et de chrétien éclairé, de sa verve intarissable et sans crainte comme sans ménagements, les scandaleux abus développés à l’ombre de l’Église romaine. N’oublions pas non plus Jean Fischart, cet autre moraliste implacable, qui vint se jeter dans la lutte, sinon avec plus d’intrépidité et d’humeur batailleuse, du moins avec des armes mieux aiguisées par le talent, par l’imagination et l’ironie.

À côté de ces vaillants écrivains, dont la plume valait une épée, il faudrait, en confondant les genres et les époques, montrer des poètes mystiques comme Tauler ; des lyriques-épiques, comme Henri de Nicolaï ; des fabulistes comme Pfeffel, ce charmant auteur d’apologues qui mérite d’être admiré même dans la patrie de La Fontaine.

Avec Pfeffel, mort en 1809, nous franchissons le seuil du dix-neuvième siècle, c’est-à-dire que nous revenons à notre véritable étude, aux poètes modernes de l’Allemagne. Puisque nous avons à nous occuper aujourd’hui de l’Alsace, il convient d’indiquer d’abord à quelle chaîne d’ancêtres illustres se rattachent les nouveaux anneaux de ses écrivains actuels ; quels modèles peuvent invoquer leurs descendants animés de l’émulation louable de les imiter.

En tête des poètes allemands de l’Alsace au dix-neuvième siècle, se placent naturellement deux noms chers au patriotisme local, George Daniel Arnold, et Ehrenfried Stœber, père des deux écrivains aujourd’hui vivants, Auguste et Adolphe Stœber, qui, à cette frontière, sont peut-être les représentants les mieux