Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 197 —

rieuse pléiade du treizième siècle, au même rang que les Hartmann von der Aue, les Reïmar, les Walther de Vogelweide, les Volfrang d’Eschenbach, tous ces naïfs et féconds génies qui ont si merveilleusement participé au premier épanouissement de la poésie germanique ?


Ceux-là étaient, avant tout, de purs lyriques, par l’effusion de leur nature même, comme ils s’élevaient aussi parfois, sans parti pris et sans effort, à la sérénité haute et simple de l’épopée, par le sentiment profond qu’ils avaient des grands événements qui étonnaient alors le monde, et dont les imaginations ressentaient le contre-coup. C’était l’âge des croyances ferventes, des généreuses espérances, des dévouements désintéressés : comment l’Âme allemande, si pieusement enthousiaste, n’y aurait-elle pas rencontré mille sujets d’inspiration candide et de poésie ? Elle se trouvait là dans son véritable élément. Plus tard viendront les déceptions, l’amère expérience des hommes et des choses, le désenchantement de la réalité après les brillantes fantasmagories du rêve. Ce sera l’heure de la satire, du conte railleur, de l’allégorie frondeuse. Ici encore l’Alsace mêlera sa note au nouveau concert des esprits, et, cette fois du moins, ce sera l’influence française qui dominera. Sébastien Brand, dans son Vaisseau des Fous, montre déjà ce levain de malice gauloise qui, après avoir énergiquement fermenté dans les trouvères de la Picardie et du Nord, éclatera plus tard dans Rabelais, dans la Satire Ménippée et dans Voltaire. Or, Sébastien Brand est encore un enfant de l’Alsace.

Elle peut aussi nommer avec orgueil Thomas Mür-