rieuse pléiade du treizième siècle, au même rang que les Hartmann von der Aue, les Reïmar, les Walther de Vogelweide, les Volfrang d’Eschenbach, tous ces naïfs et féconds génies qui ont si merveilleusement participé au premier épanouissement de la poésie germanique ?
Ceux-là étaient, avant tout, de purs lyriques, par
l’effusion de leur nature même, comme ils s’élevaient
aussi parfois, sans parti pris et sans effort, à la sérénité
haute et simple de l’épopée, par le sentiment profond
qu’ils avaient des grands événements qui étonnaient
alors le monde, et dont les imaginations ressentaient
le contre-coup. C’était l’âge des croyances ferventes,
des généreuses espérances, des dévouements désintéressés :
comment l’Âme allemande, si pieusement enthousiaste,
n’y aurait-elle pas rencontré mille sujets
d’inspiration candide et de poésie ? Elle se trouvait là
dans son véritable élément. Plus tard viendront les
déceptions, l’amère expérience des hommes et des
choses, le désenchantement de la réalité après les brillantes fantasmagories du rêve. Ce sera l’heure de la
satire, du conte railleur, de l’allégorie frondeuse. Ici
encore l’Alsace mêlera sa note au nouveau concert des
esprits, et, cette fois du moins, ce sera l’influence française qui dominera. Sébastien Brand, dans son Vaisseau des Fous, montre déjà ce levain de malice gauloise qui, après avoir énergiquement fermenté dans les
trouvères de la Picardie et du Nord, éclatera plus tard
dans Rabelais, dans la Satire Ménippée et dans Voltaire.
Or, Sébastien Brand est encore un enfant de l’Alsace.
Elle peut aussi nommer avec orgueil Thomas Mür-