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cris de fête. À travers les fenêtres, lustres et flambeaux brillaient. Je franchis le seuil et j’entrai dans la salle.

C’était une joyeuse fête de noces ; autour de la table siégeaient les gais convives. Et quand je portai les yeux sur l’heureux couple : — Ô douleur ! celle que j’aime était la fiancée !

Celle que j’aime du meilleur de mon âme ! Un inconnu était le fiancé. J’allai me poster immobile et muet derrière la place d’honneur de la jeune fille.

Le fiancé remplit son verre, en but la moitié, puis le présenta d’un air tendre à sa future. Elle accepta avec un doux sourire. — Ô douleur ! c’est mon meilleur sang qu’elle but alors !

La future prit ensuite une jolie petite pomme, et la présenta à son fiancé. Il prit son couteau et la fendit en deux. — Ô douleur ! c’est mon cœur qu’alors il perça !

Ils se regardèrent longtemps, longtemps avec de doux yeux ; puis le fiancé l’entoura de ses deux bras et déposa un baiser sur sa joue empourprée. — Ô douleur ! c’est la froide mort qui alors m’embrassa !

Il semblait que ma langue se fût métamorphosée en plomb dans ma bouche, et je ne pus articuler une parole. Puis, la musique et le bruit redoublant, les danses commencèrent : le couple, dans ses habits de fête, ouvrit la marche.

Et tandis que je restais là — debout et immobile comme un fantôme, les danseurs nouèrent leurs rondes vives et folâtres autour de moi. En ce moment, le fiancé glissa quelques mots dans l’oreille de sa fiancée, qui rougit, mais sans se fâcher.


la maison du garde


La nuit est humide et orageuse ; le ciel n’a pas une étoile. Dans la forêt, sous les arbres frémissants, j’erre çà et là silencieux.