Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 181 —

Mon cœur est de tous points semblable à la mer. Comme elle, il a ses abîmes et ses tempêtes ; mais dans ses profondeurs aussi repose mainte blanche perle.


Mes chants sont empoisonnés ? — Comment pourrait-il en être autrement ? N’as-tu pas, en effet, versé le poison dans ma vie à peine en fleur ?

Mes chants sont empoisonnés ? — Comment pourrait-il en être autrement ? Je porte dans mon cœur une foule de serpents ; je t’y porte, mon cher amour !


L’ardent, le rapide été empourpre ta joue ; le morne et glacial hiver engourdit ton cœur.

Patience ! les choses changeront, ô femme trop aimée ! Bientôt l’hiver glacera tes joues, bientôt l’été consumera ton cœur.


Aux jours brillants de l’été, je me promène autour du jardin. Les fleurs chuchotent et parlent entr’elles ; mais moi, je marche muet.

Les fleurs chuchotent et se parlent en me regardant avec un air de pitié craintive. Je crois les entendre me dire : Ne fais pas de mal à nos sœurs, homme au visage sinistre et pâle !


C’est ici, je le vois, qu’ébloui par ses charmes,
J’eus tort de croire à ses serments :
Où jadis ont coulé ses hypocrites larmes.
Aujourd’hui rampent des serpents.