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CHAPITRE 8



POÉSIES TRADUITES DE HENRI HEINE[1]


Il est temps d’en finir avec les vieilles, les perfides chansons ; il est temps de les enterrer avec les rêves trompeurs et funestes. — Allez donc me chercher un grand cercueil !

J’ai mainte chose à y placer. Ne me demandez pas encore ce que ce sera. — Ce cercueil doit être plus grand, plus grand encore que le tonneau d’Heidelberg.

Puis apportez une civière formée de planches épaisses et dures. — Elle aussi doit être plus longue, plus longue encore que le pont de Mayence.

Enfin, allez me quérir douze géants. Ayez bien soin que ces géants soient plus robustes, plus robustes encore que le Saint Christophe que l’on voit dans le dôme de Cologne, au bord du Rhin.

C’est eux qui devront porter mon cercueil et l’ensevelir dans la mer profonde ; car pour un si grand cercueil, il faut un grand tombeau.

Maintenant, voulez-vous savoir pourquoi ce cercueil devra être si grand et ce qui le rendra si lourd ? — C’est que j’y placerai mon amour, c’est que j’y placerai ma douleur.

  1. Voir dans la précédente série mon article sur ce poète.