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étincelants d’une joie féroce, Néron monta pour contempler les flammes de Rome.

Des incendiaires s’élancèrent, à sa voix, dans toutes les directions : semblables à des bacchantes en délire, ils portaient, comme aux jours de fête, des couronnes de goudron embrasé ; tandis que, sur ces créneaux d’or, se tenait l’empereur qui jouait du luth.

Il chantait : « Glorifions le feu ; il est pareil à l’or ; il est digne du Titan qui sut hardiment le dérober à l’Olympe, et jadis il reçut les premiers souffles de Bacchus.

 » Viens, Dieu resplendissant ! des pampres dans les cheveux, viens, et danse-nous quelque molle cadence, en attendant que le monde ne soit plus que poussière ; viens recueillir la cendre encore tiède de Rome pour la mêler à ton vin ! »


l’île de Palmaria
au baron de Rumohr

À l’endroit où la Spezzia ouvre à l’occident ses sept ports du côté de la Corse, et où se dressait jadis un temple de Vénus, on trouve aujourd’hui, sur la rive droite, une petite ville. Vis-à-vis d’elle s’étend une île que les marins appellent Palmaria. Elle ne compte que quelques huttes çà et là dispersées ; elle ce compte que peu d’habitants. Des oliviers se tiennent debout sur la pente la moins roide de la montagne ; le myrte, familiarisé avec la mer, fleurit de toutes parts ; la vigne et le figuier y prospèrent, et les hauteurs sont couronnées de pins. Toutefois, que ce soit plutôt vers une certaine crique que t’attire la petite villa cachée à demi dans les ombrages du bord ; elle est à moi cet été, et c’est là que chaque jour viennent à l’envi me rafraîchir les brises matinales, l’air pur, les fortifiantes étreintes des ondes salées et le loisir que rien ne trouble. De Carrare les blanches cimes s’élèvent au loin, abritant à leurs pieds Lérici, où se noya l’ami de ce poète qui recueillit ses cendres dans une urne. Là domine le front