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qui préside, chez nous, à la composition d’un livre. Quoi qu’il en soit, l’essentiel, je le répète, quand il s’agit de familiariser des lecteurs avec une littérature étrangère, c’est de tenir l’attention en éveil, de condenser l’intérêt et d’harmoniser les détails en les groupant autour d’un centre commun. Aujourd’hui que, grâce à des travaux nombreux dus à des plumes compétent, les intelligences françaises sont mieux ouvertes aux manifestations diverses de la littérature allemande contemporaine, le moment est venu de descendre de la synthèse à l’analyse, et d’entrer plus avant dans l’exposé des faits particuliers et secondaires. C’est ce que je voudrais entreprendre à l’égard de votre poésie lyrique. L’Allemagne, a dit Michelet, c’est l’Inde en Europe ; elle tient continuellement en suspens la curiosité de l’esprit. Nous sommes loin du temps où, sous les errata de Guillaume Schlégel, madame de Staël étonnait la France par ses brillantes improvisations sur Gœthe, Novalis, Lessing et Kant. Ses ébauches chaleureuses ont été complétées par des écrivains dont il suffit de citer les noms pour rappeler l’importance des services rendus. Les épigrammes de Heine n’enlèvent rien aux investigations précieuses de M.  Cousin dans le domaine philosophique. La sagacité incisive de M.  Saint-Marc Girardin, l’érudition subtile de M.  J. J. Ampère, ont laissé trace de leur passage à travers la littérature allemande ; et les courses de cet infatigable voyageur, M.  X. Marmier, n’y ont pas non plus été sans profit pour nous. M.  Saint-René Taillandier s’est également acquis des titres à notre reconnaissance, en remuant sans cesse, et toujours plus profondément, cette terre féconde de la pensée germanique.