Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 163 —

les cigales.

Achetez-moi, me criait naguère un enfant, achetez-moi ces gentilles cigales qui sautillent et chantent si gracieusement dans mon panier ! — Et déjà je rendais la liberté aux charmants petits poètes, sachant combien tout poète tient à la liberté.


J’arrête mes citations à ce joli tableau des cigales, qui me fournit enfin une image heureuse pour définir les épigrammes de Platen sur l’Italie. Ce sont bien, en effet, de gracieuses cigales, mélodieuses, sautillant en cadence, et qu’on croirait échappées de la corbeille du poète de Syracuse !

Essayons maintenant de traduire quelques unes des odes et des églogues également inspirées à Platen par l’Italie. Il ne sera peut-être pas sans intérêt, en ce moment où la question de l’indépendance nationale de la Péninsule a pour elle l’épée de la France, de voir comment s’exprimait sur ce sujet brûlant le poète de race germanique, l’officier, l’admirateur et l’ami du roi Louis de Bavière, cet autre poète attiré par le double rayon d’Athènes et de Rome.

Platen était, avant tout, un artiste altéré, jusqu’à en mourir, de l’insatiable soif d’enchâsser de nobles pensées dans le pur carrare de ses strophes. Fatigué des consonnes tudesques, du brouillard allemand, il avait franchi les Alpes dans l’espoir de dérober pour ses vers quelques rayons, mélodie et soleil, au ciel azuré de Naples et de Florence. Ses efforts ne sont pas demeurés stériles. Il est devenu un maître consommé de la forme, le plus savant sculpteur, y compris peut-