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teurs, si la précieuse semence en pouvait jamais périr ?

Il est temps de terminer cette notice, qui devait se borner à indiquer l’origine du poëme que nous traduisons aujourd’hui. Pour compléter par quelques traits cette physionomie, à peine esquissée au passage, d’un poète que revendique la France, disons cependant encore que les infortunes de la Prusse dans la campagne de 1806 touchèrent profondément Chamisso par l’affection reconnaissante qui le liait à la dynastie prussienne, et qu’il lui fallut tout son patriotisme français persistant pour s’en consoler. — Sur ces entrefaites, l’empereur Napoléon, dont il admirait la gloire, sans toutefois s’en laisser éblouir, le nomma professeur au lycée de Napoléonville. Il partit aussitôt pour la France, sous prétexte d’aller prendre possession de sa chaire ; mais il courut tout droit à Coppet, attiré par le magique aimant de madame de Staël. Il y resta jusqu’au moment où l’illustre auteur de Corinne, dont la maison était devenue une fronde trop bourdonnante, dut fuir en Angleterre. De son côté, Chamisso revint à Berlin, au milieu de la fermentation causée par les graves événements politiques qui se préparaient (1812).

Je demande la permission de finir par ces quelques lignes extraites du premier volume que j’ai publié autrefois sur les Poètes contemporains de l’Allemagne : « Directeur des Herbiers royaux à Berlin, membre de l’Académie des sciences, glorieusement connu comme savant et comme poète, heureux au coin de son foyer égayé par les grâces folâtres de sept enfants, riche de sa médiocrité et de sa tempérance, peu d’hommes auraient pu se dire aussi heureux de leur sort que Chamisso, lorsque la mort vint l’enlever le 21 août 1838.