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maintenant sur les cadavres de leurs frères et de leurs compagnons d’armes.

En ce moment, Dietrich ordonne à Hildebrand de mener enfin ses propres hommes au combat. Hildebrand répond : « Qui voulez-vous que je vous amène ? Tout ce qui reste encore de vos guerriers se tient ici sous vos yeux ; je suis le seul qui survive ; tous les autres sont morts. »

Dietrich ira donc seul au combat. Gunther et Hagen sont debout, silencieux et graves, sur le seuil de la porte. Dietrich les somme de se livrer comme otages. Hagen lui crie d’une voix arrogante qu’il ne se rendra pas aussi longtemps qu’existera le trésor des Nibelûngen. Dietrich lutte contre Hagen, lui fait une profonde blessure, saisit cet homme redoutable entre ses deux bras gigantesques, lui serre les épaules de manière à les faire craquer, le charge de liens, et le conduit à Chriemhilt. Le même combat s’engage avec Gunther, et le résultat est le même. Dietrich recommande à la reine d’épargner la vie des deux héros ; puis il s’éloigne d’un air sombre.

Mais Chriemhilt doit vider jusqu’au fond la coupe de la vengeance. Elle dit à Hagen qu’elle lui laissera la vie s’il consent à lui indiquer l’endroit où est caché le trésor des Nibelûngen. Mais, quoique blessé à mort et étroitement garrotté, le héros de Tronei conserve encore son orgueil et sa fidélité : « Tant qu’un de mes maîtres restera vivant, répond-il, vous ne saurez pas où repose le trésor. » À ces mots, l’effroyable sœur fait couper la tête de son frère Gunther, et, la prenant par les cheveux, vient elle-même la présenter à Hagen. Mais Hagen : « Maintenant, dit-il, tout est arrivé au