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sur Gernot, puis enfin sur Giselher : c’est à ce dernier, le plus jeune des héros, qu’est réservé l’honneur de terrasser le guerrier. Iring tombe ; mais il se relève soudain, saute de nouveau sur Hagen, et lui fait une large blessure. Rendu furieux par le coup qu’il a reçu, Hagen rassemble toutes ses forces, tombe sur le seigneur danois, et lui porte un coup si terrible, qu’Iring roule en bas des degrés, et que de son casque jaillissent de rouges étincelles. Chriemhilt le débarrasse elle-même de son bouclier ; alors le héros déboucle son casque et aspire avidement l’air frais du soir. Après avoir pris ainsi de nouvelles forces, il reprend ses armes et se précipite de nouveau à la rencontre de Hagen. Une lutte acharnée s’engage et se termine par la mort glorieuse d’Iring, qui tombe frappé au front par la lance de son adversaire. Ses compagnons l’entourent en poussant des cris douloureux ; puis, dès qu’il a rendu le dernier souffle, ils s’élancent de concert vers la salle, impatients de le venger ; mais ils l’espèrent en vain : tous perdent la vie sur les degrés sanglants.

La nuit vient enfin suspendre cette lutte horrible. Un profond silence succède maintenant au fracas des armes, on n’entend plus que le murmure du sang qui ruisselle par les conduits de la salle et rejaillit dans la cour. Les rois fatigués déposent leurs boucliers et dénouent leurs casques. Seuls, Hagen et Folker restent armés, afin de pouvoir, en cas de péril, protéger leurs maîtres. Cependant la nuit ne verse point le calme dans le cœur de ces héros. Ils ne redoutent point la mort, mais, dans la persuasion où ils sont que cette mort ne sera que différée, ils préféreraient un prompt