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dans la palais d’Etzel. Au milieu de la foule rassemblée dans la cour du burg, Folker rencontre Hagen, et, dans la prévision d’une catastrophe prochaine, les deux héros échangent entre eux le serment de se défendre mutuellement jusqu’à la mort, ils s’asseient sur un banc de pierre, en face du palais, et autour d’eux se tiennent les Huns, contemplant ces deux redoutables guerriers avec un étonnement silencieux. De la fenêtre où elle est debout, Chriemhilt aperçoit, à quelques pas d’elle, son mortel ennemi, et soudain des larmes de colère ruissellent de ses yeux.

Ceux qui l’entourent s’empressent de lui demander la cause de son émotion ; elle répond en adjurant ses fidèles de tirer vengeance de l’inguérissable blessure que lui a faite le perfide Hagen. Aussitôt soixante hommes se couvrent de leurs armes, décidés à tuer Hagen et Folker, et, à la tête de cette troupe, se place Chriemhilt elle-même, la couronne royale sur le front ; elle a formé le dessein d’arracher de la bouche de Hagen l’aveu du meurtre qu’il a commis, afin d’exciter ainsi le courage de ceux qui veulent la venger. Folker fait remarquer à Hagen la troupe armée qui descend l’escalier dans leur direction, et le héros de Tronei, qu’enflamme déjà l’ardeur de combattre, lui répond : « Je sais bien qu’ils n’en veulent qu’à moi seul, mais ce ne seront pas encore ceux-là qui m’empêcheront de revenir en Bourgogne. Quant à toi, Folker, dis-moi si, dans cette lutte, tu es décidé à te tenir à mes côtés, en fidèle frère d’armes, comme aussi tu peux être sûr que je ne t’abandonnerai pas. — Aussi longtemps que je vivrai, répond Folker, et quand même l’armée tout entière des Huns se préci-