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Ces héros-bardes, dont les fonctions sacrées consistent à perpétuer par la poésie le souvenir des traditions nationales et des faits glorieux, sont Werbel et Swemlin. Etzel les charge d’aller inviter les rois de Bourgogne, ainsi que tous leurs hommes, à une grande fête qui sera célébrée à Etzelburg pour le prochain solstice. Chriemhilt recommande aux envoyés d’insister surtout sur ce point, que tous ses alliés sont attendus.

On délibère pendant des jours à Worms avant de prendre un parti touchant l’objet de ce message. Hagen s’oppose de toutes ses forces au voyage : « Ne savez-vous donc pas, dit il, ce que vous avez fait à Chriemhilt ? Avez-vous oublié que Sigfrid est mort de ma main ? Comment, après cela, commettrions-nous l’imprudence de nous aventurer dans le pays d’Etzel ? Nous y perdrions l’honneur et la vie. Le cœur de Chriemhilt est de ceux qui couvent longtemps la vengeance. » Mais les avis de Hagen ne sont pas écoutés. Gernot lui répond : « Quand même tu craindrais de périr dans le pays des Huns, ô Hagen ! nous irions pourtant. » Hagen, voyant que la résolution des héros est inébranlable, leur conseille alors de ne partir qu’avec de bonnes armes. On convoque tous les seigneurs et tous les vassaux du pays de Bourgogne ; on les voit arriver de toutes parts. Entre eux tous on remarque le hardi et joyeux Folker d’Alzei, guerrier aussi redoutable que musicien habile : il excelle également à conduire l’archet sur le violon et à entonner des chants agréables. Signalons encore Dankwart, frère du terrible Hagen. Les envoyés d’Etzel s’en retournent dans le pays des Huns, et annoncent le succès de leur mission. À cette nouvelle, Chriemhilt, qui a peine à