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convoqués à cet effet. Là s’empressent de venir rendre hommage à la nouvelle reine, Bloder, frère d’Etzel, Havart-le-Brave, roi des Danois, ainsi que son écuyer le fidèle Iring ; là s’avancent tour à tour Irnfrid landgrave de Thuringe, les seigneurs Saxons Gibeke et Hornboge, et le prince Ramung. Mais quel est ce héros qui se tient là, debout, en avant de cette troupe de guerriers, au regard fier, au front ombragé d’un casque en forme de tête de loup ? D’une taille presque gigantesque, on pourrait le comparer à un lion pour la largeur des épaules et la nerveuse souplesse des reins. Son visage est noble et majestueux ; il ressemble à Sigfrid par son œil intrépide, étincelant, ainsi que par la sérénité de son front royal. Seulement la vive et pétulante jeunesse de Sigfrid a cédé la place à la gravité profonde de l’homme mûr : on devine aisément que les orages de la destinée ont grondé sur cette tête. Autour de sa chevelure touffue est noué un bandeau royal ; sa main gauche presse le pommeau d’une épée ; sa droite s’appuie sur la cime d’un bouclier où l’artiste a représenté un lion. C’est le roi des Goths, ce fameux Dietrich de Bern (Théodoric de Vérone), le plus puissant héros de ce temps, et avec Sigfrid le principal personnage dont les faits et gestes ont défrayé l’épopée germanique ; Dietrich de Bern, le chef des Amelûngen, dont Hildebrand et les autres Wolffings ont porté si loin la gloire : jadis il avait été l’hôte d’Etzel, jusqu’au moment où, riche de renommée, il revint victorieux dans les domaines de ses pères. Ces troupes innombrables de peuples dont la réunion forme une armée immense se sont rassemblées pour escorter jusqu’à Vienne le couple royal. C’est là que la fête des