quelque loyauté envers Chriemhilt. Répare le mal que tu lui as fait, et donne ton consentement à une union qui pourra encore la rendre heureuse. » Mais Hagen demeure inébranlable. « Si Chriemhilt est destinée à porter la couronne de Helche, vous éprouverez bientôt, dit-il, qu’elle cherchera à nous faire à tous le plus de mal possible. »
Malgré les sombres pressentiments de Hagen, les rois font connaître à Chriemhilt le message d’Etzel. Chriemhilt refuse. Ainsi parla, dit le poëme, la femme riche en douleurs : « Dieu vous défend de prendre le malheur pour but de vos moqueries. Comment pourrais-je être recherchée par un homme qui a déjà connu le bonheur avec une autre épouse fidèle ? » Cependant Chriemhilt finit par consentir à recevoir Rudiger ; mais elle n’a pas plutôt prononcé cette parole d’assentiment que la pensée de celui qu’elle a perdu et qu’elle ne saurait oublier ravive toutes ses anciennes blessures. Le jour suivant, Rudiger est introduit et explique l’objet de son message. « Margrave Rudiger, répond Chriemhilt, quiconque a pu connaître ma douleur cuisante ne me demandera jamais d’aimer un autre homme. J’ai perdu dans Sigfrid plus que femme au monde ne pourrait gagner. » Toutefois Rudiger parle avec tant de sagesse et d’éloquence que la reine lui demande un jour pour réfléchir. Dans l’intervalle, ses frères Giselher et Gernot trouvent le moyen de l’entretenir, et lui disent : « Si quelqu’un est capable d’apporter quelque apaisement à ta peine, c’est à coup sûr Etzel. Depuis le Rhône jusqu’au Rhin, depuis l’Elbe jusqu’à la mer, nul roi ne l’égale en puissance. Tu dois te réjouir de ce qu’il ait jeté les yeux sur toi pour