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der la main de la reine. Rudiger quitte donc le burg d’Etzel (Etzelburg), et se dirige du côté de l’occident, vers Bechlarn en Autriche, où il est accueilli avec joie par sa fidèle épouse Gotelinde, et par sa fille encore dans la fleur de la jeunesse. Quand il eut annoncé à Gotelinde la mission dont il était chargé, la noble femme s’en réjouit, à cause de l’honneur dont son époux était l’objet ; mais son âme en même temps s’attrista en pensant à cette bonne reine Helche, dont une étrangère allait si tôt prendre la place dans le cœur d’Etzel. Cependant Rudiger poursuit sa route et arrive à Worms, inconnu aux rois et à leur suite. À sa vue, Hagen s’écrie avec surprise : « Voilà déjà bien longtemps que mes yeux n’ont plus aperçu Rudiger ; toutefois, la bonne mine de cet envoyé est telle, qu’il ne peut être autre que Rudiger, du pays des Huns, le vaillant et noble héros. — Quelle cause, dit le roi, pourrait amener le héros de Bechlarn ici sur les bords du Rhin ? » Mais déjà Hagen avait reconnu l’ancien ami qui, au temps de sa jeunesse, s’était trouvé avec lui et avec Walther de Wasichenstein, à la cour d’Etzel. Les guerriers se livrent à la joie de se revoir ; puis Rudiger, l’hôte bienvenu, expose l’objet de sa mission, et offre de magnifiques présents, suivant l’usage en pareille circonstance. Le roi, ainsi que ses frères, ne sont pas éloignés de souscrire au désir d’Etzel ; mais Hagen est d’un avis contraire. « Vous ne connaissez pas Etzel, leur dit-il ; si vous le connaissiez aussi bien que moi, vous n’accepteriez point ses offres, quand bien même Chriemhilt s’y montrerait favorable : vous pourriez vous en repentir un jour. — Ami Hagen, répond Gunther, voici enfin une occasion de prouver