Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 112 —

béralement ses richesses. Mais cette joie innocente devient pour Hagen une nouvelle occasion d’exercer ses ruses perfides. « Craignez, dit-il aux deux rois, que ces libéralités intarissables de votre sœur ne lui fassent bientôt assez de partisans dans ce pays pour que votre couronne soit menacée. » Les héros, long-temps en désaccord sur ce point, finissent par se rendre à l’avis de Gernot, qui conseille d’engloutir le trésor dans le Rhin, afin que désormais il n’appartienne plus à personne. En conséquence, les rois et le perfide Hagen échangent entre eux le serment de ne révéler à qui que ce soit l’endroit où est caché le trésor. C’est ainsi que le trésor des Nibelûngen fut jeté par Hagen dans le Rhin ; et la tradition populaire raconte encore aujourd’hui qu’il repose sous les eaux du fleuve, entre Worms et Lorsch.

Il importe de remarquer ici qu’à partir de ce moment les héros et chevaliers de la cour de Worms, ainsi que les pays qui en dépendent, seront désignés, dans la suite du poëme, sous le nom de Nibelûngen. C’est en effet sur leur territoire que se trouve désormais le trésor des Nibelûngen.

Le temps de la vengeance est arrivé. Treize ans, comme on l’a vu plus haut, se sont écoulés depuis le trépas de Sigfrid. Or, il advint vers cette époque que la reine Helche, épouse du roi des Huns, Etzel (Attila), mourut en Hongrie. Etzel étant déterminé à prendre une autre femme, on lui parla de la veuve de Sigfrid, Chriemhilt, du pays de Bourgogne. Après avoir quelque temps hésité, à cause de la religion de Chriemhilt, qui était chrétienne, le roi des Huns se décide, sur l’avis de son conseiller le margrave Rudiger de Bechlarn, et c’est ce dernier qui est chargé d’aller deman-