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bond inouï va retomber plus loin encore que la Walkyrie, bien cependant que le poids de Gunther qu’il emporte dans ses bras, ait dû réprimer son élan. Sans plus de retard, Brunhild, se tournant vers sa suite : « Serviteurs et vassaux, approchez et rendez hommage au roi Gunther. » On se prépare au retour ; Sigfrid va d’abord visiter son royaume des Nibelûngen, et, lorsqu’il y a levé des hommes et pris avec lui de riches trésors, les héros s’embarquent. Toutefois Sigfrid les devance pour aller annoncer la victoire de Gunther, ainsi que l’arrivée de la reine du pays. C’est ainsi qu’on franchit la mer et qu’on remonte le Rhin jusqu’à Worms. Le but est atteint : Brunhild est unie à Gunther, Chriemhilt à Sigfrid. La jeune vierge si digne d’amour est conduite jusque dans les bras du héros ; et, sous les yeux du roi ainsi que de la foule innombrable des chevaliers et des seigneurs, Chriemhilt reçoit l’ineffable baiser des fiançailles.

Cependant, en face de ce couple heureux est assis un autre couple, à l’aspect sombre, Gunther et Brunhild. Des larmes coulent le long des joues de la belle et fière Brunhild. Plein d’étonnement et d’inquiétude, Gunther lui demande la cause de ses pleurs, et cette cause, il craint déjà de la deviner. Brunhild lui répond : « C’est sur ta sœur Chriemhilt que je pleure, parce qu’au lieu d’en faire l’épouse d’un roi, tu l’as donnée à l’un de tes vassaux : ce mariage l’abaisse. — Soyez tranquille, belle femme, répond Gunther, je vous raconterai un jour pourquoi j’ai donné ma sœur à Sigfrid ; elle passera une vie heureuse avec ce héros. »

Le poëme continue d’un ton déjà plein de sombres