Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 95 —

consécration du ferment, et bientôt un navire se dispose pour le départ. On apporte sur le rivage des boucliers tout brillants d’or, ainsi que de riches habits, et déjà de tendres yeux pleins de larmes sont tournés vers les hardis guerriers assis près des rames sous les voiles frissonnantes. En effet, Sigfrid, familier avec les flots, dirige lui-même le gouvernail, et, de son côté, Gunther a pris l’aviron. Après douze jours de navigation, ils arrivent devant Isenstein, où règne Brunhild. Quatre-vingt-six tours d’un éclat inouï s’élèvent, au bord de la mer et protègent trois palais spacieux, ainsi qu’une vaste salle des seigneurs, le tout construit en marbre vert. Sigfrid seul connaît ce pays lointain, ce burg merveilleux, ainsi que la reine altière qui l’habite. De son côté aussi l’orgueilleuse jeune fille connaît le héros, elle ne le connaît que trop bien. « Soyez le bienvenu, dit-elle sans s’informer de son nom, soyez la bien venu dans mes États, seigneur Sigfrid ; quel est le but de votre voyage ? Je l’apprendrais volontiers. — Là se tient, répond Sigfrid, Gunther, un roi sur le Rhin, qui désire conquérir votre amour ; il est mon seigneur, moi son vassal ; c’est donc pour vous que nous venons. »

Maintenant commencent les épreuves imposées par Brunhild à ses prétendants. Gunther, incapable de se garantir contre la force de cette robuste jeune fille, force due en grande partie au sortilège, est remplacé par Sigfrid. Celui-ci se couvre de son chaperon magique (lequel a la propriété de rendre invisible celui qui le porte), afin de pouvoir soutenir la lutte en place de Gunther : Gunther ne doit que paraître combattre. On apporte à la reine Brunhild sa bonne lance, celle