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cour du roi de Bourgogne, sans que ses yeux eussent pu voir une seule fois celle pour laquelle il était venu. Il se met au service du roi et entre en campagne avec l’armée et les héros bourguignons. C’est ainsi qu’il assiste à maint combat, et traverse la Hesse en franchissant le long espace qui sépare le Rhin des plaines de la Saxe, dont le roi, Liutger, de concert avec le roi Liutgast, de Danemark, avait déclaré la guerre aux Bourguignons. Dans un combat meurtrier, Sigfrid se montre le plus fort et le plus vaillant des héros. Il bat et fait prisonnier le roi des Danois, Liutgast, et sa valeur force Liutger à se rendre avec ses Saxons. Des messagers partent pour le Rhin afin d’annoncer l’heureuse victoire, et l’un d’eux est aussi chargé d’aller dire à Chriemhilt la bonne nouvelle ; car l’on sait ou l’on devine que le cœur de la princesse n’est plus à Worms, mais à la guerre de Saxe. « Apprends-moi donc maintenant une précieuse nouvelle, dit Chriemhilt ; je te donnerai tout mon or, et je veux, si tu me dis la vérité, t’être favorable pendant toute ma vie. — Personne, noble reine, n’a chevauché plus bravement vers le danger et vers le combat que l’hôte des Pays-Bas. C’est la main de Sigfrid qui a soutenu les deux attaques les plus importantes, la première et la dernière. Les otages que vous verrez venir de Saxe jusqu’aux bords du Rhin, c’est sa force héroïque qui les a domptés et qui les envoie ici.

La jeune princesse fait donner dix marcs d’or et de riches vêtements à l’envoyé porteur de ce message si doux pour tous, mais bien plus doux encore pour la vierge dont le cœur brûle en secret. À partir de ce moment, elle se tient silencieuse à l’étroite fenêtre du