Page:Martin - Les Cordes graves, 1844.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée
60
LES CORDES GRAVES.

Mais plains-moi d’échanger contre un si doux murmure
Le triste présent d’un soupir.
Mon âme est morne, ami ; ses anciennes hôtesses,
Les espérances, chœur léger,
Chœur charmant et léger, aux trompeuses promesses,
M’ont quitté comme un étranger !
Plains-moi, car de tous ceux que ta lyre convie
Sur le sein puissant et sacré
De Cybèle qui donne et retire la vie,
Mon cœur est le plus ulcéré !
Nul n’aurait plus que moi besoin de vos retraites,
Grottes noires, vastes forêts,
Où du cerf fugitif les blessures secrètes
Peuvent du moins saigner en paix !
Nul n’aurait plus besoin de méditer à l’ombre
L’énigme terrible du sort
Qui fait jaillir le jour du fond de la nuit sombre,
Et l’âme du fond de la mort !
Nul n’aurait plus besoin de ranimer son rêve
Aux vives sources des vallons,