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histoire des églises et chapelles de Lyon

conflit soulevé par le gouvernement. M. Hanon qui gouvernail la famille de Saint-Vincent, par ordre du pape Pie VII, avec le titre de vicaire général, s’opposa aux prétentions de l’empereur, et, comme conséquence, un décret impérial du 27 septembre 1809, supprima la congrégation de la Mission. L’élection de la sœur Mousterot put se faire le 10 décembre 1809. Elle fut reconnue comme supérieure générale, légitimement élue, mais obligée bientôt après, par le gouvernement, de se démettre, elle fut renvoyée de la communauté.

Le 15 mai 1810, la sœur Durgueilh, nommée à sa place par l’influence du gouvernement et de l’archevêque de Paris, se présenta à la compagnie comme légitime supérieure depuis la démission de sœur Mousterot, par la raison qu’elle avait été proposée avec elle à la dernière élection. Malgré cette raison, la légitimité de sœur Durgueilh fut refusée par un grand nombre de maisons. On ne trouve, par exemple, aucune de ses circulaires à Saint-Jean, ni à Saint-Paul, ni à la Marmite, de 1809 à 1815 ; les archives de Saint-Paul ont conservé l’ordre venu de la préfecture « pour les sœurs de la Charité desservant différentes œuvres de la Marmite, de partir dans les vingt-quatre heures pour le lieu de leur naissance, monseigneur le cardinal ayant promis d’envoyer d’autres sœurs pour ce service ». La raison de ce brusque renvoi était le refus de « reconnaître la supérieure de leur ordre ». Le renvoi fut signifié aux sœurs de Saint-Paul, le 10 avril 1812 ; elles partirent le 11 au soir et le lendemain matin elles étaient remplacées provisoirement par trois sœurs Saint-Charles. À la Marmite d’Ainay, aujourd’hui paroisse Sainte-Croix, rue Auguste-Comte, les sœurs furent aussi renvoyées, mais non remplacées, car le 12 avril, les Dames, dans leur délibération, demandent l’autorisation de remplacer, par des filles laïques, les respectables sœurs que M. le préfet, par ordre du ministre, a obligées de se retirer.

À Saint-Jean, on ne trouve rien sur cette affaire, si ce n’est l’absence des circulaires de 1809 à 1815 ; dans celle de M. Hanon, du 24 février de cette année, est écrite en post-scriptum la permission pour les sœurs Jonard, Perrin et Bauzin, de reprendre l’habit religieux, ce qui indique qu’elles avaient dû quitter la maison et l’habit.

L’expulsion des sœurs de Lyon, en 1812, fut fatale à une maison fondé en 1806, sur la paroisse Saint-Nizier, rue des Quatre-Chapeaux, et mentionnée dans les almanachs de Lyon sous la rubrique : Sœurs dites des incurables ; ceux-ci ne pouvant être reçus dans les hôpitaux de la ville, devaient être soignés à domicile. Comme les sœurs de Saint-Paul, celles de Saint-Nizier furent remplacées par des sœurs Saint-Charles ; ces dernières y sont demeurées depuis, et tiennent la pharmacie des Quatre-Chapeaux. De nos jours, les sœurs Saint-Charles remplacent également à l’hôpital de Trévoux, les Filles de la Charité expulsées, sous Napoléon Ier, pour le même motif. La maison d’Ainay ne paraît pas avoir souffert de cette crise, car on trouve dans ses archives les circulaires de 1809 à 1815, ce qui semble prouver qu’elle ne fut point fermée.

Cette épreuve fut terrible pour la communauté, et faillit la perdre. Voici ce qu’en disait à la Chambre, en 1830, le député baron de L’Épine : il s’agissait aussi de la suppression des Lazaristes et autres missionnaires : « Rappelez-vous, Messieurs, ce décret de colère